Vrai ! – je suis très nerveux, épouvantablement nerveux, - je l’ai toujours été; mais pourquoi prétendez-vous que je suis fou ? La maladie a aiguisé mes sens, - elle ne les a pas détruits, -elle ne les a pas émoussés. Plus que tous les autres, j’avais le sens de l’ouïe très fin. J’ai entendu toutes choses du ciel et de la terre. J’ai entendu bien des choses de l’enfer. Comment donc suis-je fou ? Attention ! Et observez avec quelle santé, - avec quel calme je puis vous raconter toute l’histoire.
Il est impossible de dire comment l’idée entra primitivement dans ma cervelle; mais, une fois conçue, elle me hanta jour et nuit. D’objet, il n’y en avait pas. La passion n’y était pour rien. J’aimais le vieux bonhomme. Il ne m’avait jamais fait de mal. Il ne m’avait jamais insulté. De son or, je n’avais aucune envie.
Ainsi, il est vrai que jamais auparavant je n’avais rencontré un homme comme celui-là. Je me rappelle encore parfaitement ce soir d’hiver où il se présenta chez-moi, dans un petit village au nord de Paris. Oh, comme je souviens! Le vent glacial qui battait les volets des fenêtres, sans pitié envers ma modeste demeure. Jamais nous n’avions connu une telle tempête. Nul ne quittait plus son logis désormais. Cela me paru étrange, si incroyablement surprenant lorsque j’entendis à ma porte le heurtoir donner trois coups. Sur le pas de ma porte, en ce 8 février 1809–voyez comme je me souviens–se tenait cet homme. Sa barbe, déjà grise à l’époque, semblait figée par le froid. Je le fis entrer sans plus attendre. Je remarquai aussitôt de quel luxe étaient couvertes ses épaules…ce manteau…d’une richesse peu commune…si magnifiquement paré de fils d’or et de fourrures! De mes yeux, jamais je n’avais vu d’aussi belles parures…mais d’où venait-il? Comment avait-il pu arrivé en ce lieu par ce temps hiémal? Pourtant, je crus le reconnaître. Peut-être l’avais-je déjà rencontré au théâtre, à l’église, ou encore était-ce un personnage de mon enfance, oublié depuis tant d’années? Je lui offris de rester pour la nuit. Je l’installai dans la chambre d’ami et me retirai. Je ne parvins à trouver le sommeil que très tôt le lendemain ; mon invité n’ayant point posé la tête sur son oreiller m’avait tenu éveillé en marchant des heures durant, faisant craquer le parquet de sa chambre. Bizarrement, il ne parut aucunement fatigué au matin, et repartit sans un mot de plus. Trois jours plus tard, tandis que la tempête redoublait d’ardeur, les mêmes grincements que j’avais entendus la nuit du 9 se refirent entendre. Plus personne n’était allé dans cette pièce depuis le départ de cet homme au manteau de roi. La chambre était vide, VIDE! Aussi vide de sens que ne l’est un plancher qui craque sans aucune raison! Allant craintivement observer l’endroit d’où provenaient les sons, je me résolus à croire que la rigueur hivernale devait être à l’origine de ces curieuses manifestations, qui toutes les nuits se répétèrent jusqu’au printemps.
Puis, les semaines passèrent, sans nouvelle. Puis, je reçus un colis. Un tout petit colis. La provenance de l’envoi n’était pas indiquée. Son contenu se trouvait être entièrement composé d’un miroir de la grandeur de la paume d’une main, le tout accompagné d’une petite note : « Ne sache pas voir que ce qui est visible ». Lorsque je m’y regardai, je n’y vis rien de particulier. Je le plaçai dans un tiroir et l’y oubliai. Ce n’est que deux ans plus tard, qu’il refit surface dans ma mémoire. J’allai le chercher. Quelle frousse j’eus lorsque, dans le miroir, je ne vis point mon reflet, mais, pendant une fraction de seconde avant de jetai par terre le morceau de verre, celui de l’homme que j’avais hébergé un soir d’hiver. J’avais dû rêver, une hallucination sans doute. Mais que pouvait-il bien m’arriver? Le soir même, les grincements du parquet reprirent. J’allai jeter un œil dans la pièce par pure habitude et j’aperçus, posé là, sur le lit, le manteau de l’homme de la tempête…aussi beau et riche que dans mon souvenir. Sur le dessus, un mot disait : « Je savais que tu l’aimerais comme tu sauras que je l’aimerai». C’est alors que je compris, frappé d’horreur que ce vieil homme était moi comme je serai…
Enfin, après plus de vingt ans, je marchai dans une tempête incroyable, à la recherche d’une maison bien précise :la mienne. À ma plus grande surprise, ce ne fut pas un jeune homme qui m’ouvrit, mais bien le véritable propriétaire du manteau que je portais. Je fus tant irrité de découvrir que ce que j’avais planifié de faire depuis les vingt dernières années ne puit être enfin accompli que je le frappai, de toute la force de mes bras et de mes jambes. Tant et tant! Et puis soudain, tout le mal que je lui avais fait se retourna contre moi. Je ne suis plus qu’entre la vie et la mort, mon beau manteau m’a été enlevé. Il s’est bien joué de moi et maintenant il se moque…encore et encore le parquet grince…
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J'ai trouvé ce texte en fouillant sur le mac de mon papa. Je me suis rendue compte que c'était moi qui l'avait écrit pour un projet de secondaire 3. On avait le premier paragraphe et on devait terminer le conte fantastique. J'avais quoi...14 ans? J'étais dans la 307.
Tenez-vous le pour dit.
Eh oui, mes chers, on était dans la même classe sans se connaître.
Bien étrange, non?
C'est la vie, mes cocos.
C'est plein de coincidences et de rebondissements.
Voilà.
3 commentaires:
Nous on se connaissait, le conte fantastique vient après le conte merveilleux dans le programme de sec 3
oui...mais pas L, ni L, ni M...
OMG... je me souviens de ce texte la... c'est vraiment vieux!
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